Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, cette même année 1990, alors qu’il est gravement marqué par la maladie, il s’obstinait toujours à créer une nouvelle bande dessinée.  Quelques semaines avant de nous quitter, il esquissait encore quelques péripéties de l’épopée des Geux, et donnait le jour à de nouveaux personnages.  Mais avant son ultime départ, le maître a su prendre ses dispositions pour assurer la pérennité de ses personnages.  Les aventures de Bob et Bobette ont été confiées depuis déjà deux décennies à Paul GEERTS qui sous l’œil vigilent de Vandersteen, a pu faire ses preuves. 

Dans son testament, Vandersteen a déposé quelques consignes à suivre scrupuleusement.  Bien qu’il laisse une grande liberté tant à son disciple qu’aux  futurs repreneurs potentiels, il reste intransigeant sur certains points : pas de sexe, pas de nouveaux personnages, pas de mariage Lambique Sidonie, pas de polémiques d’un point de vue religieux et politique.

L’après Vandersteen sera marqué par de courtes hésitations qui feront passer nos deux héros d’une époque révolue et passée à la nôtre, plus moderne et dans laquelle les nouvelles générations pourront mieux s’identifier.  Après un passage difficile, au début des années 2000, alors que Paul GEERTS cède, à son tour, la série à  Marc Verhaegen, la polémique retombe aussitôt que Peter van Gucht (pour les scénarii) et Luc Morjaeu (pour les dessins) deviennent les nouveaux titulaires de la saga. 

En mettant davantage l’accent sur le  respect de la philosophie de Vandersteen dans les nouvelles aventures de Bob et Bobette, ce nouveau tandem semble avoir apaisé les puristes.  Bienvenue donc aux deux plus jeunes des anciennes gloires de la bande dessinée.  Mais Bob et Bobette n’auront jamais d’âge. 

Ils demeureront à jamais dans le panthéon des grandes stars du neuvième art.
Certains sont exceptionnellement doués pour le dessin, d’autres sont de fabuleux conteurs.  Très rares sont ceux qui conjuguent ces deux qualités.  Dans le cas de Willy Vandersteen, ajoutons-y encore une volonté de fer, une constante persévérance et une bonne dose d’humour.  Laissant derrière lui une œuvre colossale et impressionnante, c’est le matin du 28 août 1990 que cet incroyable artiste pose définitivement son crayon.