Lode Lavki, aumônier des scouts, lui prédit un bel avenir dans le dessin.  En 1934, à l’atelier de sculpture, les commandes se raréfient et Willy se voit réduit au chômage.  Il combat l’oisiveté par le sport.  En 1936, son oncle le prend comme assistant dans la construction de décors pour les vitrines des grands magasins.    Il ne s’agit que de prestations occasionnelles mais, alors qu’il travaille pour quelques semaines à l’Innovation, il découvre une petite annonce : « On recherche bon étalagiste ».  Après renseignement, on recherche un candidat qui fasse preuve de créativité et qui sache dessiner.  Willy VANDERSTEEN devient décorateur aux magasins de l’Innovation.  Avec sa nouvelle situation, le jeune Willy peut songer à se marier.  Le 9 octobre 1937, Willy et Paula Van Den Branden s’unissent pour le meilleur et pour le pire.  Les jours passent et Willy  continue son travail comme décorateur.  Alors qu’il se voit confié la réalisation de l’étalage du rayon des manteaux pour dame, son chef de rayon lui donne, pour qu’il se documente, une revue américaine spécialisée dans laquelle il découvre un article sur la bande dessinée : « Comics in your live ».  Willy est fasciné par la description qui en est faite et la manière dont est exploitée la BD aux USA.  Les journaux y publient chaque jour une bande dans les journaux qui tient le lecteur en haleine et le force à acheter l’édition du lendemain pour connaître la suite de la BD.  C’est précisément ce qu’il a toujours rêvé faire.   En Europe, ce procédé n’a pratiquement jamais été exploité.  L’aventure commence.  Willy griffonne sur des bouts de papier, esquisse des personnages, ébauche des scénarii, mais sans réels résultats. 


Afin de mieux structurer ses idées, il achète « le Petit Vingtième » dans lequel Hergé publie, chaque semaine, les aventures de Tintin.  En Flandre, hormis Eugène Hermans, rares sont les dessinateurs qui vivent de leur crayon. Cependant, progressivement, les projets du dessinateur prennent forme.  En 1939, il confie ses intentions à Gérard Elseviers qui fut son complice chez les scouts.  Ensemble, ils vont concevoir une histoire aussi courte que farfelue dont les originaux n’existent malheureusement plus.  Mais en Europe, voilà que de sinistres bruits de bottes se font entendre aux frontières.  Comme des milliers d’autres jeunes belges, Willy Vandersteen est rappelé sous les drapeaux.  Viennent ensuite la débâcle et l’exode vers la France.   Lors d’une mission en France, il s’en faudra de peu pour qu’il ne revienne pas : les français les ayant pris pour cible en les confondant avec des parachutistes ennemis.   Lorsque enfin, la retraite est officiellement décrétée, chacun peut regagner son foyer.  De retour à Anvers, Willy tente de reprendre ses activités.  Malgré l’Occupation, les magasins de l’Innovation continuent de fonctionner et il peut retrouver son ancien job.  Mais le commerce étant peu florissant en cette période trouble, il dispose de beaucoup de temps libre qu’il occupe pour concrétiser ses projets d’auteur et dessinateur.  Comme toute entreprise moderne, l’Innovation publiait un journal d’entreprise : « Entre nous ».  C’est avec cette revue qu’il se voit offrir sa première chance.  Il y créé le personnage de KITTY Inno.  Ce modeste mais réel succès l’incite à persévérer.  Mais s’il lui est facile de dessiner, convaincre un éditeur de la réalité de ses talents s’avère bien plus difficile.  Par chance, les Allemands interdisent la publication de bandes dessinées américaines.  Les journaux encore occupés se voient contraints à faire appel à des dessinateurs locaux.  Pour Willy VANDERSTEEN, c’est une opportunité qu’il ne faut pas rater.  C’est un matin de printemps 1941 que Willy frappe à la porte du rédacteur en chef du quotidien flamand « De Dag ».  Pour la rédaction du journal, l’arrivée de Willy est une véritable aubaine.  Le 19 mars 1941, les premiers strips de Tor le Troglodyte (Tor de Holbewoner) paraissent dans le quotidien.  Bien que très prisée, cette histoire naïve prendra néanmoins fin et sera remplacée par une histoire de chat « le Fils de Barabas » (de Spruit van Barabas).  En 1942, ayant quitté son emploi de décorateur pour le magasin de l’Innovation, il doit impérativement se trouver une nouvelle occupation sinon il risque d’être expédié de force en Allemagne.  C’est son beau frère qui vient à son secours.  Il est engagé comme responsable de la publicité pour la corporation Bétail, Viande et produits dérivés.  C’est dans ce cadre que les dessins de Willy vont beaucoup s’améliorer.  Un jour, lors d’une réunion entre collègues, il fait connaissance avec l’épouse d’un de ses collaborateurs.  Cette dernière est secrétaire comptable chez l’éditeur de l’hebdomadaire « BRAVO » et lui parle des difficultés de la Rédaction à découvrir de bons illustrateurs.  Par l’intermédiaire de son chef de service, il parvient à prendre contact avec le rédacteur en chef de « BRAVO ».  Quelques semaines après, Willy fait la Une de l’hebdomadaire avec la publication des aventures de Simbat le marin.  C’est durant cette période qu’il va pouvoir côtoyer des créateurs prestigieux comme Jacques Laudy ou encore Edgar P.  Jacobs.  C’est au hasard des rencontres qu’il a les meilleures opportunités.  La chance l’accompagne une nouvelle fois lorsque parti à la recherche d’un refuge lors d’une alerte aérienne, il se retrouve nez à nez avec les frères Lambrechts qui lui annoncent qu’ils sont à la recherche d’auteurs pour publier des bandes dessinées en albums.  Aussitôt Willy se met à l’ouvrage et en un temps record (7 jours et 7 nuits) écrit et met en images deux histoires.  Fin 1943, on trouve ainsi en librairie les premières aventures de Piwo le petit cheval de bois, réalisé par un certain Wil.  L’année suivante, la seconde partie Piwo et les voleurs de chevaux est publiée.  En 1946, après la libération, paraît le troisième tome : Piwo chez les Zoulous.










contenu-antho-propos
C’est le 15 février 1913, à la veille de la première guerre mondiale , qu’est né le petit Willebrord Jan Frans Maria (dit Willy) VANDERSTEEN, dans la belle ville d’Anvers.  C’est dans un des quartiers les plus pauvres de cette ville, appelé « Seefhoek » que le futur créateur de Bob et Bobette va grandir.  Mais il ne s’agit pas d’un quartier ordinaire !  Le Seefhoek est à la métropole flamande ce que les Marolles sont à Bruxelles et ce que Montmartre est à Paris.

Vandersteen restera attaché à ses origines pour toujours et cela ne sera pas sans influence au travers de son œuvre et le caractère de certains de ses personnages, en sera le reflet.

Alors qu’il n’est encore qu’un enfant, il développe un prodigieux talent de conteur et ses petits camarades l’écoutent avec délectation.  Tout en parlant, il illustre déjà ses récits en réalisant, à la craie, sur les trottoirs de son quartier, des fresques colorées.  Mais, nous le savons tous, la liberté de jeux de l’enfance ne dure qu’un temps et c’est ainsi que Willy commence sa scolarité à l’Institut Saint Eligius.
Cet instituteur est alors loin de se douter que cela influencera pour très longtemps la vie mais aussi une partie importante de l’œuvre de VANDERSTEEN.  C’est à l’âge de 13 ans, qu’il entre à l’Académie des Beaux –Arts où il suivra des cours du soir en sculpture et en xylographie.  Il reçoit également des cours de dessins.  En 1928, alors établi à Deurne, Willy poursuit son apprentissage.  Pour l’adolescent commence une période peu gratifiante et pénible. 
Cependant, aux manuels d’histoire, il marque très rapidement sa préférence pour les récits de Buffalo Bill, Nick Carter ou, mieux encore, de Robert et Bertrand racontés par l’anversois Koen Ravenstein.  En dépit de son dégoût pour l’école un enseignant très enthousiaste va néanmoins, profondément marquer le jeune Willy, en racontant la vie du peintre Breughel.  .
Pendant de longues heures et par tous les temps, il martèle le ciseau.  Il n’oubliera jamais cette dure caractère.

C’est probablement cette expérience de rude labeur qui le stimulera quand au début des années 50 il lui faudra produire près de 120 strips par mois.
C’est également à Deurne qu’il découvrira le monde du scoutisme pour lequel il entretiendra des contacts privilégiés jusqu’à la fin de sa vie   Le 17 juin 1928, il entre dans la 24ème unité de Baden-Powell fondée trois ans plus tôt par Maurice et Marcel Lambrechts, deux frères qui vont jouer un rôle essentiel dans la carrière du dessinateur.  Très vite, les talents graphiques du jeune VANDERSTEEN ne sont bientôt plus un secret pour ses nouveaux camarades et celui-ci emporte toujours avec lui, un petit bloc de papier à dessins.  Bombardé « rapporteur » il explicitera ses phrases par des dessins.
Des   relations    entre   l’imprimerie   Govaerts  et  la  société
Standaard vont se conclure au moment où sévit une grave pénurie de papier. 

Govaerts dépanne les Editions Standaard qui s’engage en échange à faire régulièrement imprimer des livres chez lui, à Deune.  C’est ainsi que de fil en aiguille, VANDERSTEEN en arrive à illustrer des couvertures d’ouvrages édités par la société Standaard mais imprimés chez Govaerts.  C’est le 30 mars 1945, dans le journal « De Nieuwe Standaard » que parait le premier épisode de Rikki et Bobette.  D’emblée, l’accueil des lecteurs se révèle enthousiaste.  Une grande page de l’histoire de la Bande dessinée belge était occupée de s’écrire.  La seconde aventure de Bobette verra le jour le 19 décembre 1945.

VANDERSTEEN s’est débarrassé de Rikki, trop proche du personnage de Tintin et trop âgé au goût de son auteur et il le remplacera par le personnage de Bob.  La première aventure de Bob et Bobette voit ainsi le jour avec l’Ile d’Amphoria  et avec elle va naître le mythe de cette incroyable Saga qui compte aujourd’hui plus de 300 aventures.   VANDERSTEEN se fera ensuite connaître des francophones en travaillant pour la revue Tintin (voir article sur la série bleue) à la fin des années 48.  Il en résultera 8 chefs- d’oeuvre.  Au cours de sa carrière, Vandersteen finira par léguer ses personnages fétiches à un autre dessinateur (Paul Geerts) pour lancer de nouvelles séries.  Mais de toutes ces séries, chez nous francophones, une seule reste réellement présente.  Bob et Bobette ont plus de 60 ans d’existence.  Espérons qu’il en soit encore ainsi dans 60 ans . . .